À Rome, poussé par une mère aussi riche qu'ambitieuse, Nicolas d'Ausone devient évêque à l'âge de vingt-trois ans. L'homme est fort beau, c'est un esprit brillant, mais c'est aussi un débauché de la plus spectaculaire espèce. Pour avoir parié sur le mauvais cardinal lors du conclave de 1458 (surnommé le conclave des latrines...), le jeune prélat tombe en disgrâce et se voit exilé dans un monastère oublié de la vallée Borgne, une faille aride et dépeuplée située entre Cévennes et Languedoc.
Il se trouve dans la situation de ces funambules de foire qui suscitent l'admiration de chacun lorsqu'ils marchent sur leur fil, et les moqueries de tous lorsqu'ils en tombent. Ces soudains bouffons ne peuvent redevenir des héros qu'à la condition de remonter sur le fil et d'accomplir de plus grandes prouesses.
Pour Nicolas d'Ausone, cela est affaire de stratégie. Il trouve son instrument en la personne de Marin, un moine à la voix d'or, qui prêche l'amour de Dieu à travers la joie d'exister et le bon usage des plaisirs de la vie... Tous les plaisirs !
En ce XVe siècle très chrétien, cette vision devient évidemment la source de bien des désordres. C'est une succession de fureurs et de merveilles, traversées de paillardises et d'empoignades, peuplées de reîtres et d'évêques, de moines volants et de femmes admirables, une chronique menée à grand train dans une envolée de mots éblouissants.