Il est attaché culturel à Colombo (Thomas), elle est photographe (Bianca), leur rencontre est une rencontre de hasard, comme toujours. Sauf que le hasard a ici un autre nom, celui de Serendip, qui est le nom de l'ancienne île de Ceylan, le Sri Lanka actuel, où ils vivent tous les deux. Pourquoi cet autre nom pour le hasard? Parce qu'une vieille légende attribue aux anciens princes de l'île un destin particulier qui consiste à trouver ce qu'on ne cherche pas et à toujours tirer parti, justement, du hasard.
Premier hasard : ils se rencontrent lors d'une exposition dont l'un des portraits (une grande dame italienne de la Renaissance, Bianca Capello) offre une certaine ressemblance avec la photographe. Celle-ci y gagne le surnom dont Thomas la baptise aussitôt : Bianca.
Deuxième hasard : la Bianca Capello du portrait peint par Bronzino a un certain rapport avec l'invention, au xviiie siècle, du mot de serendipity. Mais cela ni Thomas ni Bianca ne le savent encore.
Troisième hasard : ce rapport apparaît à l'occasion d'une tournée théâtrale qui propose un spectacle tiré de la correspondance d'un écrivain anglais, Horace Walpole, celui justement qui a " inventé " le mot au xviiie siècle à partir de la légende qu'on lui racontait quand il était enfant.
Les personnages sont ainsi installés au cour d'un dispositif un peu étrange, où l'attirance qu'ils éprouvent les uns pour les autres (Thomas pour Bianca, mais aussi Bianca pour le metteur en scène) semble obéir à un programme qui leur échappe. Une prédestination vaguement surréaliste, sous le signe d'un mot - Serendip - qui agit sur eux comme un talisman.