À sa mort, en 1984, Gabrielle Roy laissait le manuscrit du début de la troisième partie de son autobiographie. Ce sont des pages magnifiques où Gabrielle Roy évoque sa relation avec sa mère.
Dans La Détresse et L'Enchantement, sa grande autobiographie publiée un an après sa mort, Gabrielle Roy raconte seulement la première partie de sa vie, depuis son enfance au Manitoba jusqu'à son retour d'Europe en 1939, la maladie de ses dernières années l'ayant empêchée de conduire plus avant le fil de son récit. Mais elle a eu le temps, avant de mourir, d'écrire ce qui, dans son esprit, devait constituer le début de la suite de son autobiographie, et c'est ce récit, retrouvé parmi ses manuscrits, qui a pu être publié depuis sous le titre Le temps qui m'a manqué. L'action fait donc suite à celle de La Détresse et L'Enchantement. Elle couvre les années au cours desquelles Gabrielle, installée à Montréal, exerce le métier plus ou moins obscur de journaliste à la pige et commence à écrire son premier roman, qui deviendra Bonheur d'occasion. Centrée sur la mort de Mélina, la mère, le récit se déroule tout entier sous le signe du deuil, à travers lequel la jeune femme tente de saisir sa propre identité et le sens de son destin. On retrouvera donc dans ces pages, les dernières qu'elle a écrites, toute la force d'évocation et cet art incomparable de la narration émue qui font la singularité et le génie de Gabrielle Roy.
L'édition de ce texte, accompagné d'une chronologie et d'une bibliographie, a été préparée par François Ricard, Dominique Fortier et Jane Everett.