Il est un temps perdu que l'on aime toujours retrouver, celui des vacances passées. Il est un temps magique dans lequel on aime toujours se projeter, celui des vacances à venir...
"Bain de soleil. D'abord secouer la serviette pour la débarrasser de son sable, sans en asperger les voisins ni l'être aimé, en train de lire un magazine féminin. S'étendre, la peau encore perlée par l'eau fraîche de la baignade, et fermer les yeux pour mieux sentir la progression animale de la chaleur dans chacun de nos membres. Se laisser gagner par un demi-sommeil propice aux hallucinations, tapissé en arrière-fond par des cris et des prénoms d'enfants.
Arrivé à ce stade, fixer notre esprit sur le fait, insupportable, que tous nos efforts de l'hiver, et probablement toutes les peines que nous nous infligeons dans l'existence, les séparations évitées et les salaires gagnés, les autobus attendus dans le froid et les dents arrachées par le docteur Younès, sont censées trouver là leur contrepartie, leur justification suprême : dans ce bain de soleil."
On ne plaisante pas avec les vacances. Impossible d'admettre qu'on les a horriblement ratées l'été dernier, que l'on s'y ennuie souvent, que partager la maison entre amis ou en famille peut tourner au cauchemar. Impossible vraiment ?
Par l'accumulation de textes courts, Arnaud Castera saisit tout le pittoresque des grandes et des petites vacances, celles d'hier comme celles d'aujourd'hui. On suit son héros-narrateur, jeune esthète à l'humour échevelé qui, tel un chroniqueur au regard tendre et acéré, fait remonter à nos esprits la saveur salée de nos propres étés.
La nostalgie, l'émotion, le rire ou les grincements de dents pointent et percent sans crier gare car ce que décrit Arnaud Castera, " c'est exactement ça ". Il sait dire ou suggérer la densité d'un instant, l'addition de petites choses insignifiantes qui vous donne à sentir et ressentir de très près : juillet, août, les trajets, les locations, la vie balnéaire... Les souvenirs sont esquissés dans une suite de saynètes prises sur le vif, émaillées de pensées, d'impressions, comme autant de Polaroïd punaisés sur les murs d'une galerie.