Une recréation parfaite des rythmes poétiques d'Extrême-Orient alliée à la connaissance subtile de l'esprit vietnamien, empreint de raillerie, de truculence et de mélancolie.
Maître des médecines au XVIIIe siècle, victime d'une vaine renommée dans l'empire du Viêt-nam, Lê Huu Trac est convoqué à la Capitale pour sauver la vie du prince héritier. Lui qui fuit les honneurs, aspire à la tranquillité de sa chère Montagne parfumée, défend la paresse ou le " non-agir " comme un des beaux-arts, n'ignore pas que la moindre erreur de diagnostic lui vaudra la mort. Très vite le devoir et la peur font place à l'émerveillement devant ce prince de sept ans, attachant et précoce, une très vieille âme dans un corps d'enfant et, selon les principes de la médecinesino-vietnamienne d'inspiration taoïste, Lê Huu Trac jette ses forces dans un combat solitaire et désespéré pour aller chercher la vie jusque dans la mort.Menacé par la jalousie de ses confrères du Collège royal, qui sont pour la plupart des charlatans, il doute de sauver ce prince affaibli par trop de médications contradictoires, enjeu qui plus est d'un complot politique fomenté par Trinh Khaï, seigneur de la dynastie des Trinh, armé par l'Occident. Impuissant à guérir l'enfant, le Maître des médecines sollicite un moment la science française avant de chasser le prêtre et le chirurgien, partisans d'une médecine sanglante. Il diagnostique alors le mal qui mine son patient : privé d'énergie ancestrale, l'enfant meurt... de consomption historique.L'Histoire lui donnera bel et bien raison ; à peine intronisé le prince s'éteint, mais non sans avoir, ironie du sort, sauvé la vie de son vénérable médecin. Dès son retour dans la Montagne parfumée, le sage Lê Huu Trac entreprend la " Relation de son Voyage à la Capitale " : Vivant au milieu des honneurs et des richesses, je ne me suis jamais laissé séduire par eux. Fièrement je viens et calmement je m'en vais...Plus qu'une comparaison des vertus respectives des médecines orientales et occidentales, une opposition entre " médecine douce sino-vietnamienne et " médecine sanglante " des chirurgiens français, ce sont deux systèmes de pensée, deux visions du monde, deux manières d'exprimer le doute face aux limites de la science que propose Yveline Féray sans jamais abdiquer ses ambitions romanesques.