Elle lui annonce : "Le nombre de couples de plus de cinquante ans qui se séparent a augmenté de 52 % en quatre ans " ? Il hausse les épaules, n'y croit pas. Il l'oublie. Jusqu'au jour où...
A 18 ans, elle l'a voulu. A 19 ans, elle l'a eu. Depuis 34 ans, elle l'a. Elle est son épouse irréprochable, sous tous rapports: ombre aussi souriante qu'efficace. Il l'appelle le "lac"; la "Joconde"; la "diva du quotidien". Et aussi la "plumitive", car il lui arrive de taquiner la muse, comme jadis les dames tiraient l'aiguille pour passer le temps. Lui est un macho de naissance, comme son père et comme beaucoup d'hommes de sa génération, appliquant sans penser à mal la formule: "Je paye, donc tu suis." Il apprécie et estime beaucoup sa femme. Elle l'aime contre vents et marées avec obstination, mais lucidité. Cependant, un matin, elle lui lit cette statistique avec un rien de provocation: "Le nombre de couples de plus de cinquante ans qui se séparent a augmenté de 52% en quatre ans." Il hausse les épaules. Il n'y croit pas. Il oublie. Jusqu'au jour où... La "plumitive" prend insidieusement le pas sur la "diva du quotidien". Où le "lac" frémit devant l'Imprévisible. Où la "Joconde" n'a plus le même sourire pour lui rappeler une fois de plus que "tout est toujours possible". Jusqu'au jour où... seul et ahuri de l'être, il découvre ce qu'il a perdu. Bien tard, c'est certain. Mais trop tard? Ça... on ne peut pas le savoir, puisque tout est toujours possible.