Une peinture généreuse mais sans concession des heurs et malheurs des "gens de peu" dans le nord de la France.
La Wassingue, un quartier populaire à la lisière de la ville (imaginaire) de Morchy. Muche, l'héroïne, raconte à Achille Rosamel, le narrateur, un moment particulier de son enfance: sa rencontre avec la Toutoule, la serveuse du café des Porions. Muche vit seule avec sa mère et l'ami de celle-ci, Fred. Le père a disparu. Touchée par leur solitude commune, la Toutoule apprend à la petite les choses secrètes de la féminité et la cruauté des hommes. L'une rencontrera l'amour avec un étranger en imperméable de détective, l'autre s'abîmera dans la jalousie et la trahison. Achille, le narrateur, s'empare de la parole de Muche, il la traduit à sa manière, avec les mots de la dignité et de la compassion. Il recrée pour elle, et pour nous, un monde à la fois pittoresque et humain, impitoyablement humain. Le regard subtil d'une enfant sur le milieu très modeste de son village, là où alcool, chômage et rejet de l'étranger (ne serait-ce qu'au village) forment une triade explosive d'où sourd la tragédie de la pauvreté et, surtout, de l'absence de mots pour dire les sentiments. "Fleur de pluie" est le roman d'une enfance badine et cruelle. Il est aussi le théâtre d'un monde populaire, la scène d'honneur des gens simples. Il inaugure un cycle intitulé "Chroniques du pays des plaines", consacré au personnage d'Achille Rosamel, témoin narquois des us et coutumes de ses contemporains.