" Trop de rituels. Vautré sur un banc, face aux murs d'une école, le coccyx malmené par la dureté du bois, les jambes écartées et le regard flou, Antoine les a énumérés. Puis il les a trouvés suspects. Trop nombreux, donc suspects. Il s'est dit qu'ils avaient lissé sa vie, qu'il avait laissé son existence s'aplatir sous leur poids. Ils ont décapité les reliefs, comblé les aspérités, ils lui ont fait une petite vie, ces rituels, toute petite et prévisible. Sans le fard du travail, elle lui est apparue, elle est venue le frapper au visage, sa vie, lui serrer la gorge. "
Par un matin ensoleillé, Antoine est licencié. Le choc est brutal. Son couple tangue, ses certitudes s'effondrent, son ego vacille. Mais à mesure qu'il se libère de ses habitudes, d'une consommation vengeresse et de l'agitation stérile qui l'avaient mû jusque-là, la vérité se fait jour.
Il bouge encore raconte cette odyssée sédentaire qui lui rend la vue.
Jennifer Murzeau analyse la dérive d'un homme et le naufrage d'un couple de façon crue et chirurgicale. Elle dresse le tableau d'une époque où la réflexion et les questionnements sont des actes de résistance.