" W. B. Katz se moquait des rumeurs... des médisances... des jalousies. Comme Don Quichotte, il s'en nourrissait pour consolider son image de chevalier errant. Don Quichotte avait Rossinante, W. B. Katz avait sa MZ etz 250. Où qu'il aille, d'où qu'il vienne, W. B. Katz était toujours en tenue de motard : veste de cuir noire, casque noir, gants noirs en cuir. Il ne se permettait qu'une petite touche patriotique et coquette : une large écharpe en vigogne nouée autour du cou, que, dès qu'il s'installait quelque part, que ce soit à Moisselles, à Vincennes ou ailleurs, il déployait sur ses épaules à la manière des gauchos en pleine pampa. "
Dans ce roman épique à l'écriture flamboyante, Jordi Bonells relate les aventures d'un jeune psychiatre latino-américain, féru de philosophie, d'échecs, de littérature et de révolution. Assistant en 1969 dans la toute récente université de Vincennes, le voilà chargé de répandre son savoir auprès d'une trentaine d'étudiants envoûtés par ce nouveau Gombrowicz qui les entraîne à travers les délires d'un vingtième siècle apparemment imaginaire. Périple qui les conduit du Moscou des grandes purges à l'Argentine de Perón, de l'Allemagne nazie à la Chine de la révolution culturelle, de l'Europe d'avant-guerre à la région amazonienne de Lago Agrio en Équateur, auprès de populations indiennes.
Dans ce monde convulsé qui annonce et préfigure le nôtre, nulle folie n'est la " vraie " folie, ni aucune raison la " vraie " raison. En chacune d'elles on retrouve le grotesque reflet de l'autre, faisant du rire le seul possible réconfort.