Cette fois, elle a pris un aller simple. Paris-Sète aller simple. Elle a tout quitté, sa ville, ses amis, tout ce qu'elle avait construit – rien de fabuleux, pas de quoi convoquer la presse, mais c'était sa vie. Et ça vous chamboule le cœur, de tout quitter. Ça vous éparpille, ça vous charcute, ça vous barbouille. Ça vous divise, aussi. Il y a avant et après, comme sur ces photos censées promouvoir un truc miracle qui vous améliore l'ordinaire. Alors, il y a Elle, qui s'agite en noir et blanc dans les trente-six mille vies de sa lointaine jeunesse, et moi, aujourd'hui larguée sur une plage d'hiver. C'est beau, la mer, on ne revient pas là-dessus – même si une grande flaque sans âme n'a aucune chance de rivaliser avec une toile de Nicolas de Staël. Mais que faire d'une beauté étrangère à soi ? Que faire de ce mirage, une nouvelle vie ?
Avec Pars, s'il le faut, Marie-Ange Guillaume explore avec son talent inimitable les errances d'une vie, territoire infini où chaque coup de griffe laisse vite la place à une profonde tendresse, et chaque trait d'humour (partout présent) à une réflexion complice, pleine d'émotion et de mélancolie.