Il y a du bonheur à voir rassemblés les livres que l'on a écrits tout au long de sa vie. Ce bonheur se double de la sensation d'un privilège quand il s'agit d'une collection prestigieuse et familière. Être en " Bouquins ", c'est un concept. Une occasion de s'interroger, aussi. Est-ce que je suis vraiment en " Bouquins " ? Et est-ce que je suis vraiment en bouquins ? Même sans majuscule, le s est de rigueur, puisqu'il y aura en l'occurrence deux " Bouquins ", celui-ci qui regroupe mes romans et textes intimes, et un second qui sera celui des textes courts. C'est l'occasion aussi de saluer la chance, qui m'aura permis de poursuivre aussi longtemps un chemin d'écriture, et de rencontrer des éditeurs et des lecteurs. Chance amusée de peser un peu lourd dans les mains, après tant de volumes si minces. Mais quoi, à défaut de se laisser aller à l'embonpoint, c'est bon de pouvoir peser cela, de pouvoir se dire oui, ma vie avait peut-être ce sens-là. Être en bouquins.
Le Buveur de temps. C'est le titre d'un de mes premiers romans, et cela pourrait être aussi la définition d'une attitude et d'un regard qui valent pour tout ce que j'aurai fait. Il ne s'agit pas de prétendre à quelque mainmise sur le temps, mais d'une tendance plutôt constante à essayer de l'apprivoiser, voire à le déguster quand il se peut.
Philippe Delerm.
Ce volume contient : La Cinquième Saison – Un été pour mémoire – Le Buveur de temps – Autumn – Les Amoureux de l'Hôtel de Ville – Mister Mouse ou la Métaphysique du terrier – Sundborn ou les Jours de lumière – Monsieur Spitzweg : Il avait plu tout le dimanche, Monsieur Spitzweg s'échappe, Quelque chose en lui de Bartleby – Le Portique – La Bulle de Tiepolo – Elle marchait sur un fil – Entrées libres – Le Miroir de ma mère – À Garonne – Écrire est une enfance – Journal d'un homme heureux.