Mémorialiste, l'auteur a fait, dans cet ultime roman, le portrait nostalgique et lucide d'une génération fatiguée que la province rassure, parcourant un demi-siècle d'une belle amitié entre un homme et une femme. Un groupe d'amis, bourgeois d'âge mûr, a l'habitude de se réunir dans le patio bleu autour de la figure charismatique de Marie-Anne. A l'instar du narrateur, énarque qui a mené une carrière de diplomate sans ambition ni conviction, ils sont fatigués de leur vie parisienne, du nouveau monde qui s'impose et dont ils se sentent exclus, et croient trouver à Condom, petite ville du Gers, le havre rassurant où se poser avant le spectre de l'Ehpad.
Une longue amitié lie Marie-Anne et le narrateur, une amitié totale, dans laquelle l'amour n'est jamais loin, dont ce roman est la chronique. Passé plus ou moins lointain et présent s'entremêlent dans le récit intimiste et mélancolique d'un personnage qui promène un regard aussi lucide que désenchanté sur les choses et les gens, sur les craquements d'une société illustrés par le mouvement des Gilets jaunes.
On retrouve dans Le Patio bleu les thèmes chers à Denis Tillinac, l'amitié fidèle, le poids du passé et des souvenirs, l'opposition entre Paris, eldorado factice, et la province assoupie et en déshérence, la méfiance envers les manifestations de l'air du temps et les excès de l'époque, les aspirations de jeunesse confrontées à une vie faite qui s'avance vers la vieillesse.