Au XVIIe siècle, lors de la construction du château de Versailles, un événement extraordinaire précipite la ruine d'une puissante famille de bâtisseurs : le procès public en impuissance qu'elle intente à l'un de ses membres.
Dans une pièce réquisitionnée pour l'occasion, prêtres et hauts dignitaires de l'Église, représentants du corps judiciaire, ainsi que médecins et matrones entourent un grand lit. Plus loin, courtisans et bourgeois de qualité se pavanent en ricanant. C'est que le procès qui se tient là, en cette année 1685 à Versailles, n'a rien de banal : il s'agit d'un congrès, épreuve durant laquelle un mari, accusé d'impuissance, est sommé d'honorer publiquement son épouse, une union non consommée étant une offense aux saints sacrements du mariage.
Cette mascarade épouvantable, sanctifiée par l'Église et reconnue par la Justice, est l'œuvre de la famille Vallade, soucieuse de s'approprier les marchés de la construction de Versailles qui, de droit, reviennent au jeune époux allongé nu sur le lit. Il appartient au clan des Maîtres des Bâtiments du Roi et est l'héritier de charges qui rapportent fortune et puissance. Pour lui voler cet héritage, les Vallade n'ont pas hésité à le discréditer par ce procès en impuissance.
Jehane, sa jeune femme, est protestante, ce qui accroît la bienveillance de l'Église pour les Vallade : en cette époque précédant de peu la révocation de l'édit de Nantes, la chasse aux protestants est un jeu auquel les fanatiques catholiques s'adonnent avec férocité.
Ainsi, Jehane et son mari, acculés par la rapacité des uns et la haine religieuse des autres, se trouvent-ils contraints à ce double viol public de leurs corps et de leur intimité : " dresser, pénétrer, mouiller ", telle est l'injonction à laquelle ils doivent répondre pour sauver leur mariage et leur honneur. Mais le désir peut-il se glisser dans une telle parodie de l'acte de chair ?