À Barbizon, dans les années 1860, alors que le Second Empire s'achemine sans le savoir vers le désastre, René Dolomieu, un jeune peintre mélancolique remarqué pour quelques portraits sensibles, côtoie les maîtres du paysage et leurs disciples qui arpentent la forêt de Fontainebleau, s'exercent à peindre sur le motif et boivent du vin râpeux à l'auberge Ganne. René n'est ni un séducteur ni un libertin, et pourtant il plaît aux femmes. Il prend ce qu'elles ont à donner, parfois sans trop savoir qu'en faire. Lorsque enfin il se marie, le hasard lui met entre les mains une fabrique de porcelaine qui l'initie à la chimie d'une matière précieuse et fragile. Mais le désordre l'intéresse au moins autant que les principes subtils du kaolin et de la composition des motifs. Aussi, dans l'intimité de son atelier, il continue à peindre sans relâche des toiles qu'il ne montre à personne, ou presque...
Son destin lui échappe sans cesse. Et comme le Japon s'ouvre à l'Occident, il ira jusqu'à cette extrémité orientale du monde lui chercher un sens, un sens que peut-être il ne pourra rapporter dans ses bagages, car il est semblable à la poussière impalpable qui danse dans la lumière de son atelier avant de se déposer en chaos minuscules sur la toile.