Quand, au milieu du XVe siècle, Gutenberg mit au point le caractère mobile, il était loin de se douter qu'il "inventait" également un bien étrange langage.
Chez les typographes, les imprimeurs, et les maisons d'édition d'autrefois, régnait une bien curieuse faune. Des singes (compositeurs) composaient des rhinocéros (livres de taille importante), que des ours (pressiers) imprimaient… Sous l'œil attentif du prote (chef d'atelier), le travail et les rémunérations étaient répartis entre les ouvriers et les attrape-sciences (apprentis) de la boîte (imprimerie). Régulièrement, il y avait des roulances (tapages), car certains ouvriers voyaient d'un mauvais œil l'embauche d'un sarrasin (ouvrier typographique non-syndiqué) plutôt qu'un enfant de la balle (ouvrier typo dont le père était lui-même un ancien typographe). Mais une reconnaissance (coup à boire) suivie d'une bonne barbe (cuite) facilitait grandement son intégration. Enfin, il y avait également des auteurs pisse-copie (sans commentaire !) et des correcteurs astiqueurs de virgule (tatillons) pour exaspérer le plus accommodant des bourdonnistes (ouvrier malheureusement habitué à faire des fautes). Et il fallait l'intervention énergétique du prote pour l'empêcher d'aller chier dans le cassetin aux apostrophes (quitter l'atelier). Une fois la querelle terminée, il étouffait son perroquet (vidait son verre) et se remettait au travail…
Chier dans le Cassetin aux apostrophes recense 600 mots, termes et expressions de l'argot des métiers du livre. Principalement (et par ordre décroissant), l'argot des ouvriers typographes d'autrefois, des imprimeurs, des papetiers, de l'édition contemporaine, et de la librairie. Si certains mots comme le marbre, bouclage, enfant de la balle, ours, fantôme, coquille, nègre… ont survécu, la quasi-totalité de ce langage n'est malheureusement plus usitée. Reste des expressions pour le moins "imagées", une langue bien verte et bien pendue qui ravira les amoureux de la langue française.