Elmer Gantry (introuvable en librairie depuis des années) est le livre qui valut à Sinclair Lewis le Nobel de littérature en 1930 : un prix qui fit grincer des dents toute l'Amérique, dont le conformisme et l'hypocrisie étaient épinglés comme jamais dans ces pages.
Les cinéphiles ont encore en mémoire l’interprétation de Burt Lancaster à l’écran, dans le rôle d’Elmer. Les années ont passé et ce récit picaresque, dans la lignée des grands classiques anglo-saxons du genre, loin de nous parler d’une époque qui s’efface dans les limbes du siècle (les Années folles, le crime organisé, les premiers prédicateurs « médiatiques »), nous renvoie directement à la nôtre.
Une sympathique canaille, qui n’a pour lui qu’un culot monstre, une belle gueule et une jolie voix de baryton, décide de faire commerce dans la religion… et finit évêque d’une des plus sévères Églises protestantes du pays. On assiste à son irrésistible ascension, tandis qu’un sale frisson nous parcourt l’échine : rien n’a vraiment changé.
Sinclair Lewis (1885-1951) est un romancier et dramaturge américain majeur des années 1920 et 1930. Ses romans sont à la fois des chroniques naturalistes de la société américaine moderne, de ses « petites villes », de sa classe moyenne aisée, et une peinture satirique de sa monotonie, de sa vulgarité affairiste et consumériste, de sa bigoterie et de son hypocrisie. Les caricatures dévastatrices de Lewis, bien que compréhensives, ont suscité de violentes polémiques.