e la même manière que l’enfant passe, d’une seconde à l’autre, de la joie à la mélancolie, je tente de formuler la complexité d’une sensation en une image synthétique. Jamais je ne cherche à émettre une critique, une opinion ou à imposer une morale dans mon travail. L’espace du tableau, comme celui de l’écriture, n’est pas ce lieu. La morale en réduirait l’impact autant que la portée. Mon ambition est de parvenir à un objet brut, sensationnel, irréductible, classique, à partir de moyens sophistiqués.
La vérité, je ne la connais pas. Ma façon d’aborder le monde en tenant compte de son absurdité est à interpréter à partir de mes origines.
Comme une malédiction –banale–, à partir de laquelle, probablement, je suis devenu artiste.
Gregory Forstner peint comme il écrit, comme il nage, comme il aime, comme il vit : entièrement, sans compromis. Dans cet ensemble de textes qu’il a sous-titré portrait de l’artiste en jeune homme, il donne à voir l’origine de sa peinture et sa mythologie personnelle. Marqué par une hérédité complexe, par la mer et par la puissance des images, il choisit la peinture, dont la force est de polariser l’attention de manière durable.
Avec ce récit, il offre une introduction à son travail et une réflexion sur ses préoccupations de peintre.