Dans un village, quelque part en Guinée-Bissau,
impossible d’aller plus loin, il y avait devant moi un fleuve,
et derrière le fleuve, une forêt tropicale.
Assise sur la berge, j’ai regardé des pêcheurs
qui ramenaient tranquillement leurs barques,
en sortaient des filets où s’agitaient quelques poissons.
Un cochon noir reniflait des détritus coincés entre deux racines,
trois poules décharnées picoraient des cailloux.
Et je regardais tout ça comme dans un rêve.
Il régnait une tranquillité pesante, angoissante,
une tranquillité qui efface en un instant l’oubli de soi,
celui que j’étais venue chercher,
une tranquillité qui précipite dans un gouffre intérieur.
Sur une berge africaine, un homme et une femme se reconnaissent. Leur histoire commence là, faite de projets et de rêves d’absolus. De retour en Allemagne, leur vie commune se délite et fait naufrage contre les murs d’une prison bien réelle et contre ceux, invisibles, des rêves qui s’effacent (Philippe Simon).
Dès ce moment-là, ils ne feront plus que se croiser, tentant maladroitement de reconstruire une idée de relation amoureuse ; avec en toile de fond les tensions politiques de l’après-guerre allemande.
Dominique Loreau offre ici un texte fort servi par une prose poétique toute en suggestion. Les images de Lionel Vinche nous parlent du couple tantôt uni, tantôt absent. Il donne, à proprement parler, corps aux personnages par la matière du dessin.