LE TAXI ET MOI ON S’EST LOUPE, ON S’EST PAS VU. il était deux heures du matin, je rentrais d’une soirée. j’attrape un taxi. le chauffeur était mignon, on a parlé et puis je lui ai demandé de s’arrêter là. je n’ai qu’une rue à traverser. et je suis chez moi. cette rue est immunisée d’un passage piéton. mais voilà ce qui s’est passé. je sors du taxi, longe le trottoir en pensant au chauffeur qui était vraiment mignon. je m’arrête et je regarde de côté pour voir s’il n’y avait pas de voiture avant de traverser. je n’ai pas regardé du bon côté.
Cela pourrait être résumé en une phrase lapidaire : récit autobiographique d’un accident. Or, c’est bien plus. Ce texte est un objet brut, il parle tout autant de la renaissance du corps que du désir de vie et de la soif d’amour. C’est aussi une naissance à l’écriture, une forme de langue crue et directe au rythme soutenu à l’image de la vitalité qui habite son auteur. Tout est dans la forme et dans le ton, et les images de Nathalie Trovato s’associent à cette forme par la découpe des noirs et blancs de l’impression au lino.
MON CORPS a deux vitesses. je vais vieillir mais en même temps récupérer petit à petit des capacités physiques. je me suis naïvement dit que ça allait m’aider à vieillir. jeune avec une canne, ça a encore son charme, on se demande dans la rue, on s’interroge, mais plus tard vieille je serai une canne parmi tant d’autres.