Du pessimisme gai qui est le sien Jacques Réda ne cesse de prendre le pouls du temps, de faire résoner le plus individuel avec le plus commun, de greffer l’incongru sur l’archétypal, de conjuguer le sublime et le prosaïque. Écrits simultanément Battues et Battements empruntent des sentes opposées sur les versants d’une même montagne : forcer l’évidence jusqu’à rendre palpable l’énigme du visible.
Comme un cœur qui à tout instant peut cesser de battre, le réel, toujours sur le point de diparaître, se rattrape in extremis avec une telle aisance de funambule que nous la jugeons naturelle, et cessons même de percevoir, sous le parfait enchaînement coulé de ses figures, le saut inaugural et hasardeux que d’instant en instant elle accomplit.
De la mystique à la musique (le jazz), tout appartient au rythme dans ce récit hautement singulier qui, sur les territoires de l’intime, nous fait basculer du réalisme au rêve.