La presqu’île, c’était une maison avec un grand jardin, orné d’un mimosa resplendissant ; c’était un four électrique où cuisaient les cannellonis qui seraient ensuite vendus à la boutique ; c’était ma grand-mère, bonne perdante au jeu de l’oie et turfiste chevronnée, à qui les gens du village demandaient des tuyaux et qui m’initiait patiemment aux mystères des cotes à trois contre un et des arrivées dans l’ordre.
De la maison et du jardin ; du visage, des gestes et des paroles de ma grand-mère, ma mémoire peut reconstituer chaque détail. C’est dans ce lieu et près de cette femme que mon esprit m’emporte lorsque mon corps est immobilisé sur un lit d’hôpital. Car comment remplacer la lumière blafarde des néons par le soleil aveuglant de la Méditerranée ; où trouver la force de faire face aux aléas de la vie, sinon dans le souvenir des éblouissements de l’enfance ?