En 1939, le nombre de locuteurs et de lecteurs du yiddish atteignait plus de dix millions, répartis entre l'Europe – et en premier lieu la Pologne –, la Russie et les États-Unis. L'immense majorité du yiddishland fut anéantie sur le Vieux Continent, et cette annihilation s'étendit, en cercles concentriques, engloutissant peu à peu ce qui en restait ailleurs.
Dans l'introduction du premier volume de ces Royaumes juifs, Rachel Ertel explique comment, depuis le XIVe siècle, des centaines de milliers d'oeuvres en yiddish, des milliers de quotidiens, des centaines de troupes de théâtre avaient essaimé dans le monde entier, les inspirations s'échangeant dans l'effervescence, les oeuvres se fécondant les unes les autres. Les auteurs de langue yiddish ont constitué au cours des âges une immense bibliothèque aux formes inédites, alliant leur spécificité et les emprunts aux cultures environnantes en une alchimie propre. À partir du XIXe siècle et jusqu'au Génocide, avec l'emballement de l'histoire mondiale et les migrations de masse, ils connurent une ardeur, une impétuosité, une intensité qui est allée s'amplifiant à mesure qu'ils se dégageaient de la contrainte des traditions. La publication de ces oeuvres, dont certaines sont épuisées et d'autres inédites, redonne à la culture yiddish toute la place qui était la sienne dans cette Europe où elle naquit et fleurit pendant des siècles. Les Royaumes juifs, en deux volumes, constituent en quelque sorte une " bibliothèque portative " de la littérature yiddish.
Ce second volume rassemble sept auteurs de nouvelles ou de romans écrits au cours du XXe siècle et montre la diversité de cette littérature du monde : Pologne, Russie, États-Unis, Israël, France...