Greg Bear prouve avec ce nouveau roman qu'il est le meilleur auteur de science-fiction américain du moment et, de surcroît, un excellent écrivain.
Dans "L'Échelle de Darwin", son précédent roman couronné par le prix Nebula, Greg Bear s'attaquait à un sujet classique: le mutant, l'espèce qui viendra après l'Homo
sapiens et le supplantera peut-être. Si celui-ci se laisse faire... L'opposition de l'ancienne à la nouvelle espèce est justement le thème des "Enfants de Darwin". On y voit les jeunes mutants (qui se caractérisent notamment par d'extraordinaires capacités d'empathie et de socialisation et des taches mobiles sur le visage exprimant leurs émotions) pris en chasse et menacés d'extermination par une humanité peu encline à leur céder la place...Outre l'habileté avec laquelle Greg Bear rend vraisemblable sa théorie de l'évolution, ce qui est remarquable dans ce roman complexe est la façon dont il développe, en racontant l'insertion dramatique des représentants de la nouvelle espèce dans la société humaine (en particulier américaine), une critique virulente des travers de notre époque. Le succès de "L'Échelle de Darwin" a sans doute été dû au lectorat féminin, d'habitude peu porté sur le genre. "Les Enfants de Darwin" devraient tout autant intéresser les femmes: elles y tiennent en effet la toute première place (l'héroïne est une courageuse mère acharnée à défendre sa mutante progéniture, la jeune Stella).