La modernité et le système de représentations collectives sur lequel elle est fondée ne permettent plus de gérer les différents niveaux nécessaires du lien social. Le déchirement du tissu social auquel nous assistons reste synonyme de multiples ruptures matérielles et symboliques qui conduisent à l'exclusion banale et généralisée. Pourtant trois systèmes de représentations et trois métaphores se sont succédées jusqu'à aujourd'hui, pour tenter d'appréhender la réalité du tout social comme un ordonnancement cohérent. La métaphore organique du « corps social » proposée par la tradition sociologique tend à induire l'image d'une société identique à un organisme vivant qui gère les parties dont elle est composée de façon quasi naturelle. La conception écologique du lien social, proposée par les différentes écoles de la sociologie de la déviance, tend plutôt à souligner les interactions multiples et complexes qui lient le tout et ses composantes dans des rapports de force qui se soucient peu de l'environnement immédiat ou plus lointain et des dommages qu'ils occasionnent sur les individus, les groupes et les sociétés. Enfin l'image musicale d'une symphonie sociale choisie par la sociologie contemporaine entend rompre définitivement avec les métaphores importées des sciences naturelles pour décrire les relations ou l'absence de relation qui se nouent entre la société et ses exclus.