Peu de livres du domaine de l'esthétique ont eu le succès retentissant d'Abstraktion und Einfühlung. Depuis sa parution en 1907, il n'a cessé d'être réédité et a été, très rapidement, traduit en plusieurs langues même s'il a fallu attendre soixante-dix ans la traduction française.
À quoi tient ce succès si durable ? À la clarté du style de Worringer, certes, mais aussi aux problèmes que le livre soulève. Prenant appui sur des concepts élaborés par l'esthétique allemande, tels que l'Einfühlung, Worringer interroge la souveraineté de la vision de la Renaissance qu'il circonscrit. Il délimite ainsi l'aire de l'expressionnisme et finit par opposer au classicisme une vision où le réalisme s'estompe au profit de l'abstraction. Thèse, par certains côtés, prophétique, qui demandait à être confrontée à l'art abstrait. D'où l'importance de la présentation de cet ouvrage, confiée à Dora Vallier, spécialiste bien connue de l'art abstrait.