Combien de Renaissances…? Une seule – celle qui débute à la fin du XIVe siècle en Italie et touche la France au XVIe siècle –, autrement dit « la » Renaissance ? Ou bien celle-ci fut-elle précédée de Renaissances médiévales, en particulier à l'époque carolingienne et au XIIe siècle? Plus généralement, peut-on affirmer l'unicité de la Renaissance, doit-on au contraire envisager l'existence d'une pluralité de Renaissances à travers les époques et les cultures, ou encore faut-il mettre en question le concept même de Renaissance, aussi confortable que trompeur en regard d'une réalité nécessairement plus complexe?
Ce livre se donne comme objectif de croiser les points de vue de spécialistes du Moyen Âge et de la Renaissance sur ces questions, en particulier par la confrontation de leur perception à celle des contemporains des époques concernées. À travers l'interrogation sur la légitimité et la pertinence de la notion de Renaissance(s), sur la réalité et l'idée qu'elle recouvre, sur le mot, sa majuscule et son pluriel, ce sont des enjeux essentiels qui se font jour. De manière implicite, la réflexion porte sur les racines de l'Europe moderne – chrétiennes, ou humanistes, ou les deux à la fois – mais aussi sur l'existence ou non d'un processus de civilisation unique dont la Renaissance serait un moment essentiel, et donc sur les questions du relativisme culturel et de l'universalité.