Comment nous naissons à nous-mêmes parmi l'échange des signes, mimes, gestes, jeux, rites, images que l'industrie reproduit aussi ; comment cette naissance se métamorphosant en conscience, en sciences, en techniques, se poursuit en éducation créatrice et, passant aux formes volontaires d'un savoir institué, s'achève dans les visées d'une université critique ; ce qu'une relation d'enseignement dont les opérations d'échange resteraient transparentes, inscrirait comme loi permanente de ses apprentissages ; ce que l'intime attention à l'autre, en laquelle l'homme et la femme réciproquement ont à s'inventer, installe de décisive création de soi par soi ; comment le milieu urbain compose un espace significatif de nos intentions, ouvert à l'invention humaine et aux temps cosmiques ; comment enfin l'œuvre d'art propose cette reprise de soi par soi comme une œuvre à la fois grave et heureuse puisqu'elle retentit à toutes les propositions d'une existence pour en faire un exercice de participation plénière... De l'Eros égotiste à la poétique de l'œuvre ouverte, nous sommes ainsi conduits de l'éveil au plus tiède de nous-mêmes à une œuvre de plus en plus consciente de dépassement où le monde, les autres et nous-mêmes sommes convoqués.
Un effort où les sciences, assignées à dialoguer entre elles, s'ouvrent, aux limites, aux interconnexions, aux ruptures, à une « poïétique » où l'espèce prend figure et s'exprime.