Examiner la trajectoire d'Alexandre Boëly, étendue à celle de ces ancêtres, musiciens des rois de France, revient en outre à embrasser un grand siècle foisonnant, contradictoire, encore propice aux recherches et à pénétrer dans des milieux aussi divers que le microcosme de la Chapelle royale de Versailles avant la Révolution, puis dans les mondes du piano, de la musique de chambre, de l'orgue et des gens d'église à Paris sous deux Républiques, deux Empires de part et d'autre d'une double Restauration monarchique. Les enjeux musicaux ne sont pas négligeables non plus. Les feux de la rampe braqués sur les célébrités de la scène artistique n'ont longtemps laissé entrevoir aux yeux éblouis des observateurs qu'un cortège d'ombres en arrière-plan. Les échos des théâtres lyriques et des salons retenaient toute leur attention et la présence permanente d'étrangers de renom dans la capitale masquait l'activité des musiciens français autres que Berlioz et les maîtres de l'opéra. La perception encore lacunaire de l'époque invitait donc à un autre regard. La réhabilitation de Boëly, de son parcours sans équivalent sur l'échiquier musical de 1808 à 1858 se révèle propre à éclairer en partie ce versant d'ombre de notre histoire musicale.