Incessante et fragile. C'est sous ce signe que la parole se manifeste et qu'elle est ici prise en compte car son enjeu dernier est celui de l'existence dans toute sa contradiction.
Le langage introduit l'individu dans l'espace de la communauté et il fait de lui un homme en le faisant entrer dans le monde de ses semblables. La parole, elle, fait découvrir à l'homme la singularité de l'existant qu'il est : un être dans la vie qui n'existe que dans le souci de son identité, du sens de sa vie, comme du sens de son propre destin. C'est pourquoi l'incessant de la parole est tout autre que celui des mots et il émerge à soi, en quête de soi-même dans la quête de la rencontre avec l'autre homme. Si la parole est son œuvre, dans le même temps, en lui, elle parle, l'ouvrant à la dimension de son humanité. Aussi le risque de toute parole qui veut devenir parole humaine est-il le même que celui du vivant qui veut faire de sa vie une existence humaine.
S'attacher à comprendre la parole dans son être propre est donc s'attacher à entendre ce mouvement par lequel l'homme advient à la découverte de celui qu'il est, comme de ce que veut dire pour lui vivre dans la dimension de son humanité.