Véritable introduction à une théorie des arts du spectable, cet ouvrage présente l'intérêt d'un synthèse de première main sur un sujet qui concerne, par-delà les musiciens, aussi bien les plasticiens et scénographes que les cinéastes et épistémologues. Étroitement lié à l'œuvre musicale de l'auteur ainsi qu'à une certaine forme de réflexion sémiotique, ce texte original et prospectif propose une nouvelle acceptation de l'analyse et de la composition musicales, fruit d'une conception polyartistique, interdisciplinaire, du sonore et du visuel.
Fuite et conquête du champ musical fonctionnent comme une sorte de balancier régulateur et doivent être comprises comme des géographies du voyage en musique, comme une enfilade de dérives vers une nouvelle forme musicale, complexe, accidentée, « théâtralisée », à l'image d'une scène imaginaire peuplée de failles, pièges et embûches, « tapis volants », « pyrotechnies », mécanismes élémentaires et labyrinthes...
La remise en question du compositeur, de ses outils et de ses modèles à la sortie du structuralisme et après le dépassement de l'aléatoire et des minimalismes est doublée par le désir manifeste de réorganiser une nouvelle morphologie de l'objet et de l'espace sonores basée sur une autre typologie des catégories, des articulations, des conversions, de la signification musicale.
Tout en parlant de technique — ce « miroir exaltant », comme le nommait Boulez —, au-delà de la rigueur des concepts et du lyrisme des représentations, le créateur sait ici être son propre témoin.