L'analyse linguistique antique n'est pas l'amorce de la moderne : c'en est une autre, entièrement différente. Chaque détail peut trouver des échos dans les analyses modernes : la tripartition signifiant-signifié-référent de l'Ancien Stoïcisme, les interrogations sur la fonction informative de la langue, la conception de la parole comme acte, de la langue comme système ou comme corpus, etc. Mais l'intérêt véritable de ces détails ne se situe que dans leur rapport à l'ensemble auquel ils appartiennent. C'est en cela qu'il est simplificateur de ne chercher dans l'Antiquité que des sources de la pensée moderne. L'intérêt primordial de l'Antiquité est heuristique : il s'agit de découvrir comment sont constituées d'autres organisations du savoir.
L'analyse qui est présentée ici se fonde sur un ensemble de textes théoriques en traduction originale. Les uns sont très connus, les autres beaucoup moins. Tous sont assez étendus pour restituer à une doctrine ou à une polémique sa réelle densité. La traduction de ces textes permet au lecteur moderne de saisir directement la diversité et la complexité de la pensée linguistique des Anciens.