L'auteur présente, sous la forme de tableaux synoptiques et de plusieurs index, un répertoire de pièces scolaires dont l'ampleur a été sous-estimée jusqu'ici. Conçu dans une optique pluridisciplinaire (historique, littéraire, musicale, sociologique) et comme un ensemble, ce travail — résultat de dépouillements patients et minutieux — , explore l'implantation et la diffusion du théâtre latin et allemand, de 1470 jusque vers 1700, le long de la Vallée du Rhin (Suisse, Alsace, Pays de Bade, Wurtemberg, Hesse, Nassau, Westphalie, Rhénanie et Pays-Bas). Le recensement comprend environ 370 auteurs et 900 titres. Il souligne l'évolution de cet imposant répertoire : comédies, tragédies, drames, jusqu'à sa disparition au profit du Singspiel et l'opéra d'une part, de la comédie, de la comédie-impromptu (Stegreifkomödie) et de la tragédie française en Alsace d'autre part.
Trois mouvements d'idées sont abordées : l'Humanisme, la Réforme, la Contre-Réforme. Ce théâtre se place au service de l'école et de l'Église protestante, puis de l'Église catholique (jésuite). Les maîtres l'utilisent comme moyen pédagogique et comme moyens de propagandes religieuse et politique. Élaborés dans la perspective du « retour à l'Antiquité », ces drames comportent des chœurs à la fin des actes (chorus loquens, chorus canens), des interludes instrumentaux et des danses. Ces interventions musicales procèdent directement de la « musique mesurée à l'antique » et reprennent le « style note contre note », comme les adaptations musicales d'Odes d'Horace par les humanistes en Allemagne et en France. Elles annoncent (notamment dans la production strasbourgeoise) le Singspiel naissant.