Les Scudéry furent longtemps méconnus et méprisés par l'Université et l'ensemble des lettrés français. On considérait Georges de Scudéry comme un matamore, qui s'était fourvoyé dans « la querelle du Cid », et sa sœur Madeleine comme une « précieuse ridicule », qui avait écrit d'interminables et invrasemblables romans pour l'amusement de pecques de province. Quant à Marie-Madeleine, l'épouse de Georges, ses lettres se rencontraient au détour des éditions de Bussy-Rabutin, mais on ne s'y attardait pas.
Depuis une trentaine d'années, on est revenu de ce discrédit simpliste et injuste. On a vu paraître des rééditions des œuvres de Georges et de Madeleine, des analyses de leurs livres, des biographies, de nombreux articles. On a découvert en Georges un homme de théâtre et un amatuer d'art passionnant, en Madeleine un des génies de la littérature romanesque française, en Marie-Madeleine une épistolière de talent, fort comparable à Mme de Sévigné.
Ainsi — évènement qui eût paru totalement impossible il y a quelques lustres — plus de cinquante chercheurs se sont réunis en octobre 1991 au Havre (la ville de Scudéry) pour célébrer ce renouveau et confronter leurs analyses. Ce colloque international fut pluridisciplinaire (l'on y traita du théâtre, de la poésie, du roman, de la critique artistique, de la politique, de la philosophie) et fait date dans l'histoire de la critique littéraire.