L'hypothèse de départ de ce livre repose sur une notion clé, celle de « discours fondateur/constituant », développée par Cossuta et Maingueneau, pour qui la philosophie ne se « fonde » ni ne se « constitue » à travers les seuls contenus explicites qu'elle expose, mais aussi à travers des procédés discursifs, apriori non signifiants ou non déclarés, dont se dégagent pourtant à l'analyse des signifiances qui peuvent elles-mêmes être vecteurs de Philosophèmes à part entière.
De là l'idée que la philosophie pourrait avoir cherché dès les origines à taire sa propre discursivité pour se transformer en « épiphanie de la vérité ». Par sa vocation totalisante, la philosophie tend à évacuer du champ du réer ce qu'elle n'explique pas. A fortiori, elle fait silence sur les présupposés qui la rendent elle même possible : pas de philosophie sans discours philosophique! Mais cela, la philosophie ne peut le dire, du moins si elle veut rester la philosophie que Platon a institué en genre.
Ce livre propose de vérifier à propos de Zarathoustra que Nietzsche réintroduit en philosophie le « discours » ainsi occulté. La production / formulation / communication du message philosophique, loin d'être un donné annexe sans incidence sur la nature du message philosophique peut influer sur (et même constituer) l'essentiel de ce message. Il s'agit donc d'une philosophie qui soit philosophie, non par la justesse des principes et des notions qu'elle édicte, mais par la façon dont elle les édicte et par l'effet, et la nature de l'effet, qu'elle exerce sur autrui.