Le Livre de l'enseignement des enfants de Raymond Lulle (vers 1233-1316) reflète avec justesse ce que fut l'exigence de formation intellectuelle, morale, professionnelle, affective et religieuse d'un enfant au Moyen Age. Cette époque de notre histoire est souvent sujette à des interprétations caricaturales : période d'obscurantisme, de mépris de l'enfance, de mysticisme aveugle, d'ignorance de la pédagogie élémentaire, etc. Le présent livre du « docteur illuminé » montre que la pensée éducative médiévale est loin d'être aussi simpliste.
Elle manifeste souci d'instruction, certes, mais aussi attention aux âges de l'enfant, intérêt aux sciences du temps, formation professionnelle, attention au corps, éducation morale par le conseil et la raison, etc. Il est certain que l'idéal chrétien reste à la fois le guide et la finalité de toute l'éducation de l'auteur. Mais cette fidélité à la foi ne saurait se faire aveuglément, au détriment de ce que Raymond Lulle appelle « la voie (ou la vie) moyenne » celle que doit suivre tout homme qui ne peut qu'affronter modestement son siècle, y trouver sa place le temps d'une vie et tenter d'y faire son salut.