Le XVIIe français ouvre l'œil. Grâce à l'extraordinaire mise au point des lentilles et des miroirs qui vont le seconder dans son exploration du ciel et de l'homme, l'œil va se placer au centre d'une réflexion capitale d'où naîtra la pensée moderne ; de la physique de l'œil naîtront une métaphysique de la perception et un flamboyant discours mystique.
Les artifices du trompe-l'œil en peinture et les jeux savants de l'anamorphose, le décor illusionniste de la scène à l'italienne implantée en France et la réorganisation de l'espace urbain sous Henri IV et Louis XIII seront fondés sur la règle perspective que d'aucuns vont ériger en valeur absolue. Tout cela ordonnera un théâtre du monde convergeant vers l'Œil du Prince. Vision géométrique du monde qui conforte l'absolutisme en même temps qu'elle ébranle de proche en proche toute l'épistémè.
Les facettes de ce livre, à la lumière des figures qui ont traversé la période, Descartes ou Niceron, Binet ou Bosse, Corneille ou Poussin, Louis XIII ou Richelieu, recomposent un microcosme de l'œil et un art de voir qui firent de ce siècle un fabuleux théâtre. De l'ambiguïté même des jeux dont il offre le spectable, naîtront le plaisir du code et du décodage, l'intelligence du sens, la finesse du calcul et de la convention, l'exploitation politique et morale des images, la reversion troublante d'imaginaire en raison et de science en poésie jusqu'à ce que cet Œil médusé par son propre éclat se fige dans l'aveugle splendeur louis-quatorzienne.