Toute sa vie, le pauvre Scarron a été malchanceux ; il a passé la moitié de sa brève existence à supporter, avec un courage admirable d'ailleurs, d'atroces douleurs physiques, qui ne sont jamais parvenues à avoir raison de son inaltérable gaieté et de sa belle humeur ; il n'a connu aucune des joies familiales ; une belle-mère l'entraîna dans d'interminables procès et il souffrit presque constamment d'impécuniosité. Seules, quelques solides amitiés jetèrent un rayon de soleil dans sa vie.
Après sa mort, son œuvre entra, pour un long séjour, dans le purgatoire des écrivains. La raison en est simple : ce n'est point qu'elle manquât d'admirateurs, mais il n'était pas opportun, à la fin du XVIIe siècle, de parler d'un poète burlesque et comique, dont la veuve était devenue l'épouse morganatique du Roi-Soleil...