Il suffit qu'un homme politique meure pour que ses contemporains le regardent d'un autre œil. Le personnage qui masquait sa vraie personnalité retourne à l 'accessoire. Ses concitoyens ou ses sujets sont intrigués par le mystère d'un homme qui a espéré, lutté, manqué ou réalisé ce qu'il avait entrepris et avec lequel, bon gré mal gré, ils ont fait un bout de chemin.
Lorsque l'évènement survient brutalement et dans les conditions tragiques qui furent celles de l'assassinat d'Henri IV, la pitié, l'admiration, l'angoisse des survivants chargent d'un potentiel affectif surprenant l'image qu'ils peuvent se faire du destin de cet homme qui s'identifie au destin du pays : ils n'en retiennent que l'essentiel et font, à travers cette mort, l'expérience de leur propre mort.
Les prédicateurs d'oraisons funèbres laissent aux historiens le soin d'examiner le détail des évènements et de dresser le bilan d'une politique. Ce qui leur importe surtout, c'est le sens que, dans l'instant, la mort peut donner à cette vie et à ce règne.