Jusqu'alors patrie mythique des peintres, la Grèce s'offre au XIXe siècle, avec la libération progressive de son territoire, à l'exploration in situ. Des premières images, inspirées par le néoclassicisme, à l'inventaire officiel de l'Expédition de Morée (1829), une prolifération de témoignages traduit la fébrilité des retrouvailles. Celles-ci, pourtant, ne sont pas simples : le philhellénisme parisien est sur place perturbé par la multiplicité des héritages — francs, byzantins ou ottomans — qui brouillent une image qu'on croyait éternelle. Le voyage dans un pays ruiné et fort peu poussinesque est une rude odyssée qui entretient le désenchantement « mishellène » du milieu du siècle — bientôt tempéré par les révélations de l'archéologie, activement diffusées par les « Athéniens », ou l'évolution européenne de la « Jeune Grèce ».
Souvent inspiré par des documents inédits — lettres et carnets de croquis —, ce livre veut être la chronique d'un siècle de voyages qui tentent d'apprivoiser la moderne Arcadie et préparent, dans une transition inédite et passionnante, l'autre « retour à l'antique », celui de la modernité.