L'œuvre d'André Suarès, si abondante et si mal connue, s'échelonne sur près de soixante ans. Commencée vers 1885, elle s'achève en 1948. La grandeur en constitue le thème fondamental : roman ou poème, essai ou drame, lettre ou pamphlet, nulle œuvre qui ne traite de la grandeur. De sa jeunesse à son extrême vieillesse, Suarès n'a cessé de tendre vers cet état d'excellence et de perfection. Ce livre, dans une perspective psychobiographique, cherche à reconstituer de l'intérieur l'itinéraire de Suarès vers la grandeur et à revivre son expérience. Ainsi se trouve fondé le respect de la chronologie.
La mort de son frère en 1903, la guerre de 1914, le départ forcé de Paris en 1929 : autant d'évènements graves et importants qui précipitent certaines évolution ou marquent un net changement d'orientation ; quatre étapes se trouvent ainsi délimitées. Après avoir essayé diverses voies vers la grandeur, Suarès s'achemine vers une mystique de l'art où le moi s'épanouit dans la création. Brutalement ramené à la réalité par les luttes de la Cité, il est entraîné à de nouvelles ouvertures sur le monde. Il parvient enfin à réconcilier la présence aux autres et l'accomplissement intérieur. À toute attitude spirituelle singulière correspond étroitement la création d'une forme iriginale ; cet ouvrage s'achève par une étude d'esthétique littéraire : la recherche de la grandeur s'accomplit dans une esthétique du sublime.