Cet ouvrage s'attache à dessiner les lignes de force autour desquelles s'ordonnent les lectures italiennes du texte claudélien. Il se dégage de cette vue panoramique que celui-ci n'a pas toujours été à l'usage quasi exclusif d'un public catholique. Ce sort sera l'héritage de l'utilisation partisane — pour la religion et pour la guerre — que la critique italienne en fait durant la guerre 1914-18, utilisation encore accentuée sous la dictature de Mussolini. Auparavant, des lectures plus contrastées, des discussions plus attentives à la complexité de ce texte avaient occupé les jeunes écrivains rassemblés à Florence autour de la Voce de Giuseppe Prezzolini.
Une étude centrée sur cette période d'avant-guerre apporte des précisions sur la publication de Partage de Midi en italien, réalisée dès 1912 alors que cette pièce restait confidentielle à Paris. Une importante correspondance de Paul Claudel avec son traducteur, le poète Piero Jahier, publiée ici intégralement pour la première fois, éclaire d'un jour nouveau les rapports de Claudel avec son écriture. Par delà, c'est la figure très attachante de Piero Jahier qui est présentée au public français. Nous découvrons ici un poète qui s'oriente alors dans une direction vigoureusement reprise en Italie après le silence imposé par le fascisme : celle de la production d'un texte national-populaire. La question de l'interférence du texte claudélien dans ce travail d'écriture est posée et introduit à de nouvelles recherches sur les origines de la culture italienne d'aujourd'hui.