Considérée avant tout comme une machine de guerre contre le pouvoir, l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert a suscité une quantité impressionnante de travaux portant sur son aspect critique en matière religieuse, politique et sociale. Mais sa présence dans les bibliothèques ecclésiastiques et chez les hauts magistrats du Siècle des Lumières prouve qu'elle constituait aussi un utile répertoire des savoirs acquis sur les sujets les plus divers. Une large part de ce « dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers » est consacrée à la matière, sous toutes ses formes et dans ses multiples transformations, ainsi qu'à l'homme, conçu comme l'une de ses émanations.
La Société Diderot s'est donc donné pour objet d'étude « la matière et l'homme dans l'Encyclopédie », en tentant non seulement de définir — à l'aide de quelques articles-clefs comme AME ou ANIMAL — quelle « philosophie de la matière » y est à l'œuvre, mais aussi de mesurer les apports de l'équipe de spécialistes réunis autour de Diderot dans les domaines qui touchent à « la matière et la vie » (formation de la terre, anatomie, alimentation et même musique) et surtout de jeter un regard scientifique et technique sur l'Encyclopédie en s'intéressant au travail de la matière, à partir de cas aussi différents que la peinture sur émail, l'industrie mécanisée ou la fabrication du verre. Une promenade intellectuelle parmi les forges de Buffon à Montbard clôt, à titre d'illustration du rêve des lumières d'une « philosophie industrielle », ce volume original.