Le langage est le lieu de tous les possibles et de tous les impossibles. Par le langage l'homme exprime la réalité, la dépasse et la nie au niveau de l'imaginaire. Par quels chemins a-t-il pris conscience de ce pouvoir des mots sur les choses, sur son intelligence et sur sa sensibilité ?
La théorie de la signification s'est d'abord construite à partir d'une présupposition selon laquelle les mots postulent les choses. Mais le sens d'un énoncé se révèle bien souvent à partir de la négation d'une telle relation, car l'usage que l'homme fait de son langage repose fréquemment sur la liberté qu'il expérimente à partir des mots de recréer un imaginaire qui s'oppose aux données du réel.
C'est dans l'espace historique et dans celui, actuel, des théories linguistiques qu'il convient de proposer une interprétation des relations complexes de l'homme avec son langage. Le problème du sens est actuellement au cœur des préoccupations de la linguistique. Cet ouvrage de réflexion s'efforce d'éclairer le problème du sens à la fois dans ses aspects diachroniques et synchroniques, tout en faisant siens les cadres théoriques hérités de Saussure et de Guillaume.
La démarche suivie bouscule bien des barrières et se limite volontairement à l'esquisse d'une théorie de la signification intégrant les dimensions convergentes d'une systématique de la langue, de la pragmatique du discours et d'une ontogénie du sens qui se construit d'abord dans le champ clos de toute conscience individuelle.
La clé de toute théorie linguistique, dépassant la langue saisie comme un objet, se trouve dans une approche neurolinguistique qui replace le sujet parlant au cœur du débat.
Si cet ouvrage heurte quelques principes et peut susciter de violentes réactions, sinon des contestations, conduisant à poser les problèmes sous des jours nouveaux, il aura atteint son but essentiel.