1851 : après le coup d'État du deux décembre, un grand écrivain et un éditeur aventureux se rencontrent en exil, à Bruxelles. Républicains tous les deux, ils font alliance contre le régime de Louis-Napoléon Bonaparte, et décident d'inonder la France d'écrits clandestins : la première opération commune, la publication de Napoléon-le-petit en 1852 sera un succès, mais Hugo devra quitter Bruxelles pour Jersey, où il écrira son grand recueil poétique, Châtiments.
Patiemment annotée et savamment préfacée par Sheila Gaudon, la correspondance entre Hugo et Hetzel est un document essentiel non seulement pour ceux qui s'intéressent à Victor Hugo, mais aussi pour les historiens de la proscription, de l'édition, du colportage, de la contrefaçon, et de la Belgique fouriériste et franc-maçonne. Des personnages pittoresques et inconnus apparaissent sur le devant de la scène : Tarride, qui imprima Napoléon-le-petit, Jeffs et Vizetelly, les deux Anglais qui n'ont l'air de s'entendre que pour gruger le poète, Cappellemans, l'enthousiaste incapable, et surtout Samuel, l'ancien lieutenant de l'armée belge devenu, pour les besoins de la cause, imprimeur.
Tantôt impatient, tantôt profondément compréhensif, souvent désintéressé, Hugo apparaît dans ce volume comme un personnage complexe et attachant, plus occupé de l'avenir de son œuvre que du présent.
La plus grande partie des textes n'avait jamais été publiée jusqu'ici.