L'exil a été une punition dans les républiques antiques et dans les despotismes modernes. Ovide, du côté de Constantza, Victor Hugo à Jersey, Napoléon à Saint-Hélène, Stefan Zweig à Rio, sont d'illustres figures d'exilés. D'autres, tels Du Bellay ou Lamartine, se sont dits exilés par abus, pour se plaindre et se situer dans cette chaîne de victimes.
L'exil tourne vers soi. L'exil mène aux vrais biens et peut-être à Dieu. D'ailleurs, nous sommes tous des exilés — tels l'Albatros de Baudelaire, le Cygne de Mallarmé, le « dieu tombé qui se souvient des cieux ».
L'exil finit tôt ou tard chez les sages par signifier une immersion salutaire dans les eaux de la solitude et du recueillement. Et comme toutes les grandes expériences que commentent les poètes et les philosophes, l'exil est une synecdoque de la condition humaine. C'est-à-dire tout et rien. Un tunnel gris ou blanc, qui mène vers la mort et convie à s'y préparer.