À travers un ensemble de textes, les uns bien connus (La Nef des Fols de Brant, L'Éloge de la folie d'Erasme), les autres qui le sont moins (jeux de carnaval allemands du XVe siècle, Eulenspiegel, œuvres humanistes d'expression latine) mais qui ont été choisis pour leur signification, Joël Lefebvre examine les conditions de la création littéraire, et singulièrement les genres et formes du comique dans les régions de langue allemande au début des temps modernes.
Les études de thèmes et de symboles, les analyses stylistiques, les approches biographiques et sociologiques alternent et fournissent des éclairages convergents. Elles mettent en évidence une structure socio-littéraire rigide fondée sur le didactisme et les forces qui tendent à la contester et à la dissoudre. Les antithèses se résument dans l'opposition entre les deux conceptions de la « folie », entre deux attitudes divergentes envers l'irrationnel. L'enjeu des conflits est la désacralisation des mentalités et des écritures, et la naissance d'une littérature profane moderne dans une société religieuse marquée par une conjoncture apocalyptique.