C'est sans doute le rêve, légitime mais rarement réalisé, de tout chercheur en musique ancienne de pouvoir un jour découvrir un manuscrit jusqu'alors inconnu, et qui sera aussitôt reconnu comme étant une source à la fois nouvelle et indispensable pour la connaissance d'un domaine particulier. En ce sens, Elisabeth Gallat-Morin aura vu ses patientes recherches sur le patrimoine musical de la Nouvelle-France formidablement récompensées : le manuscrit d'orgue de Montréal qu'elle nous révèle dans cet ouvrage était non seulement inconnu de tous, mais de par son importance — 398 pièces, dont une quinzaine à peine ont pu être identifiées —, il se situe d'emblée au tout premier rang des sources manuscrites de musique d'orgue française du Grand Siècle. Il n'est pas inutile de se rappeler, en effet, que l'immense majorité de ce répertoire ne nous est connue que par les éditions imprimées de l'époque ; les très rares manuscrits d'orgue français, environ une vingtaine, qui nous sont parvenus n'ont qu'une faible importance dans l'ensemble du répertoire.