« Je ne demande pas à Dieu de rien changer aux évènements, mais de me changer relativement aux choses ; de me laisser le pouvoir de créer autour de moi un univers qui m'appartienne, de diriger mon rêve éternel au lieu de le subir. Alors, il est vrai, je serais Dieu. »
Gérard de Nerval. Paradoxe et vérité
Toute tentative de définition du romantisme se heurte à sa multiplicité, à sa diversité. On s'accorde à peu près sur la période qu'il recouvre, de 1770 à 1860. On admet généralement que ce large mouvement commun aux arts et aux lettres du monde occidental trouve sa source dans une vaste crise, un bouleversement idéologique qui a secoué l'Europe à la fin du XVIIIe siècle, et dont la Révolution française n'a été que la manifestation la plus spectaculaire. Le romantisme littéraire est d'abord apparu en Allemagne et en Angleterre dans les œuvres d'écrivains isolés, hors de toute école. Certains d'entre eux ont aussi été les premiers théoriciens du romantisme. Or les définitions de ces auteurs offrent certaines convergences, suggérant déjà des traits essentiels, des tendances fondamentales dont se réclameront beaucoup d'artistes de la période romantique toute entière.