Héraclius (1647) se déroule au VIIe siècle après Jésus-Christ, dans l'Empire romain d'orient. Un usurpateur a pris le pouvoir en exterminant les héritiers mâles de l'empereur : un nourisson a néanmoins été sauvé grâce à une substitution d'identité, et une seconde substitution l'a fait passer pour son fils : ainsi celui qui est le vrai Héraclius passe pour le fils du tyran, l'autre est son véritable fils. Vingt ans plus tard, les deux jeunes gens croiront tous deux être Héraclius l'héritier légitime du trône, affrontant jusqu'à la mort celui dont ils ne savent plus s'il est leur père ou leur ennemi. Dans cette pièce complexe et passionnante, où les spectateurs sont plongés, à la suite des personnages, dans la confusion des apparences et dans le pathétique d'une quête de l'identité qui peut être mortelle, Corneille a donné à réfléchir sur les questions de l'ambiguïté des apparences et de la légitimité du pouvoir. En reprenant à sa manière le thème central de l'Œdipe-roi de Sophocle, il inventait une forme de tragique inconnue jusqu'à lui, le tragique de l'aporie.