La métaphore de la lyre du larynx, trouvée dans un poème de David Gascoyne, renvoie à cet entre-deux de la voix où s'articulent la langue et le corps. La référence qu'elle fait au corps est brutale, mais n'est-ce pas le propre du poème que de rappeler que le corps est mis en jeu par la langue ? Dylan Thomas, pour dire le corps sans entrave, n'a-t-il pas rêvé, lui, d'une languelynx ? Seamus Heaney — dont la place est ici égale à celles de Yeats et de MacNeice, ses deux grands prédécesseurs irlandais — n'a-t-il pas, pour signifier la voix, choisi le même mot et parlé très mémorablement, à propos de Dante, de la forêt obscure du larynx ?
Dans ces dix-huit essais et commentaires consacrés à la poésie moderne anglaise et anglo-irlandaise, au terme de cheminements chaque fois différents, on est toujours ramené à la question de la mise en œuvre de la voix, cette parole du corps.